mardi 16 février 2010

GETTING MARRIED IN BURUNDI

La dot de la petite soeur de Jean-Pierre a été l'occasion pour les dilettantes que nous sommes de découvrir quelques uns des petits secrets du mariage à la burundaise.

ETAPE 1: LA PRÉ-DOT.
Avant les cérémonies officielles, les deux familles se rencontrent informellement dans la maison de la future mariée. Auparavant, ce premier contact avait pour but de fixer le montant de la dot: la famille du gendre apportait une enveloppe contenant une certaine somme d'argent qui correspondait à 1/10 du montant total de la dot. Aujourd'hui, les fiancés se mettent souvent d'accord entre eux pour fixer ce montant, autrement dit le prix de la jeune fille.

Car, contrairement à notre tradition européenne, ici, comme dans la plupart des pays d'Afrique, c'est la famille du gendre qui verse de l'argent à la famille de la fille, pour compenser la perte. Plus une fille est belle et éduquée, plus elle vaut cher. Une dot, notamment à Bujumbura, peut s'élever jusqu'à 2-3000 dollars, voire plus! Imaginez pour le niveau de vie du Burundi! Pour vous donner une idée, nos gardiens sont touchent l'équivalent de 300 dollars par an. Auparavant, ce montant était acquitté en chèvres et en cadeaux plus au moins symboliques (des tissus, une houe, des machettes, un costume, etc.), mais aujourd'hui, les familles préfèrent souvent verser l'essentiel de la somme en liquide (la maison n'accepte plus les chèques, en raison des nombreuses fraudes!). Pour les Burundais, une occidentale est donc un don du ciel: c'est gratuit!

ÉTAPE 2: LA DOT
La cérémonie de la dot correspond peu ou proue aux fiançailles de chez nous: il s'agit basiquement de la première rencontre officielle entre les familles. Plantons d'abord le décor: une maison dont la cour a été transformée, l'espace d'une journée, en salle de spectacle, avec un parterre dans lequel prennent place les invités, et une scène qui acceuille les familles, les invités importants puis les fiancés. En matière de décoration, comme nous le savions déjà tous, le bon goût est une notion largement culturelle et qui fait rarement l'unanimité...: fleurs en plastiques, tableaux floraux et religieux fluorescents, guirelandes clignotantes, etc., aucun cliché n'a été épargné! Maman Forestier en aurait fait une attaque! En même temps, les fleurs en plastiques ont aussi des vertus pratiques dans ce pays chaud, où les fleurs naturelles attirent des insectes de toutes sortes et de toutes tailles!

Quant au cérémonial, c'est la famille de la bru qui accueille la famille du gendre, cette dernière ayant le devoir de se présenter les bras chargés de présents: des vivres stockés dans des paniers traditionnels en forme de quille, et évidemment les incontournables caisses de bière! C'est confirmé, le champagne burundais, c'est l'AMSTEL!

Après cette arrivée en grande pompe, commence le cérémonial proprement dit, qui consiste en une joute verbale entre pères et représentants des deux familles – pour que vous ne soyez pas trop surpris, je me dois de souligner que les discours ont une importance fondamentale dans les fêtes burundaises, même les plus informelles! Il s'agit en fait d'une sorte de jeu de rôle dans lequel le père de la fiancée prétend ne pas savoir pourquoi la famille du jeune homme est là et demande des explications. Le représentant de la famille du gendre explique alors qu'ils viennent pour la paix, l'union de deux familles, et surtout – admirez le sens burundais de la métaphore – pour venir chercher « une vache sans corne »! Toute une symbolique, car la vache a un rôle très particulier dans la société burundaise, elle fournit lait, viande et peau, elle est le présent du serviteur à son maître, la mère nourricière des orphelins. Le jeu continue et le père de la future mariée feint d'ignorer de quelle « fille-vache » il s'agit, il évoque ses autres « vaches » mais jamais la bonne. Le représentant de la famille du fiancé doit donc préciser le nom de la promise. Le père de la jeune fille rétorque alors qu'il lui est impossible de se séparer d'une « vache » si précieuse pour sa maison sans compensation. Il faut donc que le réprésentant de la famille du garçon s'engage à compenser cette perte pour que le père de la fille finisse par accepter de la donner en mariage et la fasse monter sur scène.

Puis, lorsque le fiancé est présent, après une embrassade très pudique, les fiancés s'échangent des cadeaux. Si le cadeau destiné au jeune homme n'obéit à aucune règle particulière, ce dernier offre souvent à sa douce une bague symbolique, qu'elle portera au majeur de la main gauche. Enfin les fiancés s'assoient face à l'assemblée, pour partager aux vues et aux sues de tout le monde leur « premier repas ». J'ai bien dit « si le fiancé est là », car avant, sa présence n'était pas requise. Ainsi, il arrivait souvent que les fiancés se rencontrent pour la première fois au moment du mariage, ce qui faisait dire aux gens d'ici que le mariage burundais, c'est un travail de mathématicien: on passe la nuit sur une inconnue!

ETAPE 3: LE MARIAGE
De cette étape, je ne connais que les prémisses, je vous en dirai après le 20 mars (mariage civil de la soeur de JP). Ce que je peux déjà vous dire, c'est que comme le Burundi est une république laïque, il existe comme chez nous un mariage civil – la polygamie est illégale, même si on peut toujours s'arranger! – et un mariage religieux. Le mariage civil a souvent lieu avant le religieux, notamment parce que le premier est soumis à moins de règles que le second. En effet, il est formellement interdit par l'Eglise burundaise de se marier enceinte – on ne sait jamais, il pourrait être d'un autre géniteur que le futur ami, ce qui conduirait à l'annulation du mariage, chose absolument inadmissible et pour l'Eglise catholique et pour la coutume burundaise.

Or il est très courant que les femmes tombent enceintes avant le mariage – phénomène que les Burundais, pourtant très pratiquants, justifient par la nécessité de vérifier la fertilité de leur future épouse avant de faire le grand saut! Il n'est donc pas rare qu'on s'arrange pour organiser le mariage civil avant la naissance – ainsi la future mère peut accoucher chez son mari, comme le veut la coutume, sans « vivre dans le péché » – puis qu'on célèbre le mariage religieux quelques mois après.

ETAPE 4: LA LEVÉE DU VOILE
Cette cérémonie, qui a généralement lieu le lendemain du mariage, a tendance à devenir de plus plus symbolique, en raison de ce que nous venons d'évoquer plus haut. Il s'agit en fait du moment où les tantes de la désormais jeune femme viennent récupérer le drap qui a accueilli les premiers ébats des jeunes mariés, afin de constater s'il a ou non été tâché de sang, autrement dit pour vérifier à posteriori que la bru était bien vierge et que le gendre a bien fait son boulot!

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